Pris en étau entre un bond de la production chez quelques grands pays producteurs et la crainte d’une baisse de la demande, les cours du pétrole ont chuté de près de 20% en un mois, après avoir pourtant culminé début octobre à leur plus haut niveau depuis quatre ans.
Novembre 2018
Le prix du baril de Brent est passé vendredi sous la barre des 70 dollars. On peut voir derrière cette soudaine baisse de prix la main du président américain qui avait bien besoin d’une baisse des prix pour les élections du mid term aux Etats Unis.
Le marché tablait sur l’élimination de l’Iran, or Trump étrangement vient d’annoncer des sanctions moins sévères envers l’Iran en accordant des exemptions à certains pays (dont la Chine et l’Inde), le président américain fait comprendre qu’il n’entend plus réduire immédiatement à zéro les exportations iraniennes d’or noir. Cette action est complétée par une hausse de la production de pétrole de Schiste américain
Au même moment Moscou et Ryad, deux des trois plus grands producteurs mondiaux, avaient amendé en juin leur accord de limitation de la production afin de pouvoir extraire plus et compenser une baisse des exportations pétrolières iraniennes…
Hausse de la production et réduction de la demande, l’effet sur le marché est immédiat, les prix baissent ! Attention cette bonne nouvelle pour le consommateur risque d’être de courte durée. Les grands producteurs de pétrole se réunissent aujourd’hui dimanche 11 novembre à Abou Dhabi pour étudier la possibilité d’un retour à des limitations de la production.
Le conseil du Mulot ? Dépêchez-vous et compléter tout de suite vos stocks, la baisse risque d’être de courte durée.
Pourquoi le prix à la pompe ou le prix du fioul n’a pas baissé de 20% ?
Le gazole a vu son prix baisser en moyenne de 3% à la pompe (-4,5 centimes/litre) sur un mois tandis que celui du sans-plomb 95 a reculé de 5% (-8 centimes). Loin, donc, des 20% constatés sur les marchés pétroliers mondiaux. Si la baisse n’est pas de la même ampleur, c’est parce que les prix des carburants dépendent pour beaucoup de variables indépendantes des fluctuations du brut sur les marchés mondiaux. À commencer par les taxes prélevées par l’État, qui pèsent lourd dans le prix final à la pompe, à savoir la TVA de 19,6% et la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE), dont le niveau va augmenter de manière constante jusqu’en 2021, officiellement pour des raisons écologiques. Ces taxes représentent environ 60% du prix des carburants. Le prix du produit raffiné, qui fait l’objet de cotations sur le marché de Rotterdam pour l’Europe du Nord, pèse entre 32% et 27% du prix du gazole et de l’essence.
Autre facteur expliquant le décalage des prix à la pompe : la baisse de l’euro face au dollar. L’or noir est en effet libellé en billet vert. Or un euro plus faible renchérit les achats de pétrole. La baisse réelle du prix du pétrole vendus en euros est donc moins forte que la baisse des prix du baril affichés en dollars.